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19 juillet 2024

Le comédien et son corps

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Alors que les JO sont sur le point de débuter, on parle quotidiennement des athlètes, de leur préparation physique et donc de leur corps. A l’instar du sportif, le comédien a son corps pour outil de travail. Témoignages.

« Je culpabilise toujours un peu de jouer sans m’échauffer. Les gestes sont plus précis, le corps est plus tonique si on le fait. Si physiquement je ne suis pas dispo, j’habille moins bien mon costume, j’habite moins bien mon rôle. C’est pour durer aussi : le corps, c’est notre outil de travail, donc il faut en prendre soin. Entretenir son outil de travail, c’est rester libre. Sans corps, il n’y a pas de jeu, mais la mise à disposition de son corps, ce n’est pas très français. » explique Benjamin Lavernhe, sociétaire de la Comédie Française. »

En effet, le corps est la matière première du comédien, celle de laquelle tout part : l’intention, le geste, l’émotion, le regard, le déplacement…
Depuis très longtemps dans les méthodes d’enseignement de jeu anglo-saxonnes, le travail sur le corps prédomine. En France, nombre d’écoles et de conservatoires l’ont intégré. Pourtant ce n’est pas encore autant ancré en France que ça l’est outre atlantique ou ailleurs.

Le jeu ne doit pas s’aborder par le cerveau mais par le corps.

Jean-Laurent Cochet, comédien, metteur en scène et professeur d’art dramatique disait que posséder son corps c’était respirer et penser. Le corps n’existe, pour en arriver à l’action, que par la pensée. Pas celle du cerveau, celle qui vient du ventre, centre de tout.

La respiration en premier lieu joue un rôle essentiel. Si elle est profonde, si elle est abdominale, elle permettra l’adresse, la maitrise du souffle et une voix qui porte.
Si le comédien habite pleinement son corps, il pourra incarner (qui vient du latin « caro », la chair). Il donnera alors à voir au spectateur un personnage, vieux, malade, fière, aigri, amoureux… dont la moindre partie de son corps sera investie.

Et le visage dans tout ça

Dans une interview en 2011, à propos de son intervention au Louvre « Les visages et les corps », Patrice Chéreau expliquait « que ce soit au théâtre, à l’opéra ou au cinéma, il y a un langage du corps commun, celui de la silhouette, de la totalité de la personne physique. Comment une personne marche, bouge, réagit, entre en interaction avec d’autres.
Et puis il y a le visage. La façon dont le visage est habité dans le jeu me donne immédiatement des informations sur ce qui est juste et ce qui est faux. C’est à travers les visages que l’on sait si l’on est dans le vrai ou le fabriqué. J’ai l’avantage de faire deux métiers où le corps n’est jamais figé dans une posture, où le visage ne se résume pas à une expression.
Après, il y a le texte, mais on sait bien qu’il est porté par les corps et transmis par les visages et la voix. »

Le comédien comme l’athlète doit connaître son corps, le faire travailler régulièrement, l’entretenir, en prendre soin. Son corps est ce merveilleux instrument qui lui permet de vibrer sur scène, au plateau ou au micro et de nous permettre d’y croire.

D’ailleurs, comme le disait Louis Jouvet, au théâtre, tout est suspect sauf le corps et ses sensations.
Tout est dit.

 

Sources : L’équipe (P.Prugneau), Entretien entre J.Matheu et JL.Cochet, Les Inrockuptibles (F.Arvers, JM.Durand, P.Sourd).

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