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14 juin 2022

Les bienfaits du théâtre sur le cerveau

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Cela fait longtemps que les neurosciences se penchent sur la question : le théâtre a-t-il des vertus spécifiques ? Leur conclusion est sans appel : le théâtre fait effectivement du bien au cerveau.

Les réflexions sur le lien entre théâtre et activité du cerveau sont anciennes. En 1896, le psychologue Albert Binet affirmait que « les acteurs subissent un dédoublement mental comparable aux phénomènes d’hystérie ».

Que se passe-t-il dans le cerveau d’un comédien ? Quels mécanismes lui permettent d’incarner tout entier un personnage qui ne lui ressemble pas ?
Depuis 30 ans, ce mystère est peu à peu élucidé par les neurosciences. Elles révèlent que le théâtre est un lieu d’exercice privilégié de la plasticité cérébrale, du système des neurones miroirs, du circuit du plaisir ou encore de la mémoire procédurale. Le théâtre a donc des bienfaits sur le cerveau que voici.

1- Exercer sa créativité

Les neuropsychologues Jacques Fradin et Camille Lefrançois distinguent deux modes de fonctionnement du cerveau : le mode automatique et le mode adaptatif.

Tout d’abord, le mode automatique qui résout le connu ; il est rigide, simplificateur et fonctionne par expérience.
Ensuite, le mode adaptatif crée et aborde l’inconnu. Il est donc le support de la créativité et permet de nous confronter à la difficulté en exerçant notre curiosité, notre souplesse intellectuelle et notre bon sens.

Or, c’est bien le cerveau adaptatif que le théâtre mobilise le plus en demandant au comédien une adaptation constante à son personnage et à son environnement. Lors du jeu, le comédien exerce constamment des processus cognitifs moteurs de créativité qui sont :
– La désinhibition cognitive: le comédien apprend à tenir compte des informations sensorielles, émotionnelles ou intellectuelles habituellement filtrées.
– La flexibilité attentionnelle: il apprend à discerner ses différents modes de perception (sensorielle, psychique, émotionnelle).
– L’imagination : il apprend à construire des simulations mentales que pourrait avoir son personnage.

2- Augmenter son empathie

Pour jouer avec sincérité et mimer la réalité, Stanislavski conseille au comédien d’écouter son personnage et ses partenaires avec empathie.
L’intuition de Stanislavski est vérifiée par la découverte il y a vingt ans des neurones miroirs (neurones qui s’activent à la fois quand l’individu exécute et observe une action). « Avec la découverte des neurones miroirs, les neurosciences commencent à comprendre ce que le théâtre sait depuis toujours ! », Peter Brooke, 2006.

Ainsi, les techniques mimétiques du comédien et ses efforts pour être prédisposé à répondre instinctivement à ses partenaires copient le fonctionnement des neurones miroirs et exercent l’empathie naturelle.

3- Mieux se comprendre soi-même

Dans la méthode Stanislavski, le comédien est son propre instrument. Il doit « utiliser sa propre expérience vécue pour pouvoir reproduire les nuances subtiles et la profondeur de la vie ». Donc Le personnage sert au comédien de support pour exprimer des émotions réfrénées par le respect de son rôle social.

Le théâtre permet alors au comédien de se découvrir dans des facettes qui lui étaient inconnues, comme l’affirme le psychanalyste Mannoni en 1969 : « Lorsque le comédien incarne un personnage, il exprime des images du Moi ».

4- Travailler son intelligence émotionnelle

L’intelligence émotionnelle est la capacité à reconnaître, comprendre et maîtriser ses propres émotions et à composer avec celles des autres. Ainsi, le théâtre met à distance, est un intermédiaire qui permet d’exprimer dans un cadre neutre des émotions difficiles à extérioriser et à appréhender.
A long terme, le théâtre enseigne à être extrêmement attentif à nos différents états émotionnels et à ceux des autres.

5- Lutter contre le stress

D’après le neuropsychologue Jacques Fradin, le stress est le signal d’alerte que nous adresse notre cerveau lors du passage de son mode automatique à son mode adaptatif afin de s’adapter aux pressions de notre environnement.
Selon lui, lutter contre le stress implique donc de mieux comprendre et d’exercer notre cerveau adaptatif.

Or, nous avons vu que le jeu théâtral mobilise sans cesse le cerveau adaptatif (par exemple lors de mises en situation, de jeux d’improvisation et de jeux d’identification). Etant donné qu’il améliore notre capacité d’adaptation, le théâtre devient alors une excellente réponse au stress.

6- Faciliter les échanges dans la vie quotidienne et professionnelle

En plus de favoriser l’empathie, l’intelligence émotionnelle et de réduire le stress, le théâtre est un véritable vecteur de cohésion. Il peut même constituer une thérapie de groupe. La mise en scène et les jeux d’identification font de lui un intermédiaire permettant d’aborder un conflit ou une expérience traumatique avec apaisement.

Aujourd’hui la dramathérapie, comme créatrice de cohésion et thérapie de groupe, se démocratise de plus en plus et est même utilisée en entreprise.

Convaincu ? Alors, vous n’avez plus qu’à vous y mettre !


Source : hautlescours.fr

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